Le pays se tourne vers le soja, les agriculteurs engrangent des profits
Les fèves de soja suscitent aujourd'hui un vif intérêt dans les milieux commerciaux, et elles sont aussi un produit très recherché.
Si les superpuissants de l'industrie du soja livrent bataille sur le marché mondial, les acteurs de plus petite taille prennent aussi des initiatives, en soutenant les producteurs locaux et en cherchant à se tailler leurs propres parts de marché.
Au Togo, environ deux tiers de la population travaillent dans le secteur agricole, surtout pour les principales cultures commerciales du pays que sont le coton, le cacao et le café. Toutefois, la dépendance à l'égard de ces trois cultures signifie que toute fluctuation des rendements ou des prix a un fort impact – raison pour laquelle le pays se diversifie et se tourne avec profit vers la culture du soja.
"Nous avons étudié le marché international des fèves de soja en 2013 et avons remarqué que les volumes de soja exportés vers l'Europe étaient insuffisants et que de nombreux consommateurs désiraient des produits à base de soja biologique. Nous avons commencé à travailler avec quelques agriculteurs du Nord du Togo et, à la fin de 2014, nous avions exporté 70 tonnes métriques de fèves de soja", a expliqué Patrick Eboe, Directeur général de Gebana Togo, l'un des plus gros exportateurs de fèves de soja biologiques du pays.
M. Eboe, qui est aussi trésorier de la nouvelle Association nationale des commerçants‑exportateurs de soja (ANCES), a dit qu'il avait vu la filière se développer et qu'il continuait de chercher à rendre les produits à base de soja du Togo plus compétitifs sur le marché international.
UN NOUVEAU CADRE
Un grand pas a été franchi avec la création du Conseil interprofessionnel de la filière soja du Togo (CIFS‑TOGO), qui réunit agriculteurs, transformateurs et négociants (ANCES) du secteur pour rationaliser les nombreuses étapes par lesquelles doit passer une fève de soja depuis l'exploitation jusqu'au pays étranger de destination.
"Le besoin du CIFS‑TOGO et des associations d'agriculteurs, de transformateurs et de négociants qui le sous‑tendent s'est fait sentir lorsque le gouvernement a annoncé que les fèves de soja étaient l'un des produits les plus à même de diversifier les recettes. À l'époque, les marchés n'étaient pas très organisés et nous souhaitions créer ces associations car nous avons besoin de partenaires très directs et crédibles dans la chaîne de valeur", a ajouté Jules Amenkey, expert du suivi et de l'évaluation du Cadre intégré renforcé (CIR) au Togo.
Le CIR travaille avec des partenaires togolais depuis 2015 dans le but d'accroître les recettes d'exportation et les revenus tirés du commerce du soja par le pays. Grâce à cette collaboration, les recettes d'exportation ont grimpé de 50%; 16 620 tonnes de fèves de soja ont ainsi été exportées en 2016 et 21 066 tonnes en 2017.
"Le CIFS‑TOGO joue un rôle très important, puisqu'il établit actuellement des recommandations à l'intention des fournisseurs et qu'il va établir un ensemble de règles applicables aux acheteurs. Il œuvre en faveur de prix uniformes et de produits de qualité. Cette organisation est une réussite, car le travail effectué dans le cadre du projet est alors durable à long terme", a indiqué M. Amenkey.
COMMENT ÇA FONCTIONNE?
Lorsque nous avons commencé en 2015, les exportations n'étaient pas très élevées, mais en trois ans nous avons enregistré une croissance en volume tant de production que d'exportation. De nombreux produits peuvent être fabriqués à partir des fèves de soja, et la filière est très importante pour les familles des zones rurales.
Jules Amenkey, expert du suivi et de l'évaluation du Cadre intégré renforcé (CIR) au Togo
Suite à l'amélioration de l'organisation qui a permis d'établir des liens entre producteurs de soja, transformateurs et négociants, une autre étape a consisté à rechercher de nouveaux marchés d'exportation, dans le cadre d'un effort déployé avec le Centre du commerce international (ITC), qui a également été couronné de succès.
Les coopératives et entreprises togolaises vendent désormais du soja aux Pays‑Bas et au Viet Nam, suite à des formations sur les procédures d'exportation et grâce à un soutien pour assister à des foires commerciales. Les deux contrats représentent environ 250 000 dollars EU au total, et les entreprises qui les ont décrochés s'approvisionnent directement à la source, ce qui signifie que les bénéfices reviennent aussi plus directement aux agriculteurs.
"Lorsque nous avons commencé en 2015, les exportations n'étaient pas très élevées, mais en trois ans nous avons enregistré une croissance en volume tant de production que d'exportation. De nombreux produits peuvent être fabriqués à partir des fèves de soja, et la filière est très importante pour les familles des zones rurales", a expliqué M. Amenkey.
S'agissant de la question de savoir ce qu'il convient de faire après la rationalisation de la chaîne de valeur, l'amélioration des structures organisationnelles et l'établissement de contacts avec les marchés d'exportation, M. Eboe a une vision très large.
"Nous devons créer un centre de recherche sur les semences au Togo et nous poser les questions suivantes: de quels types de semences avons‑nous besoin pour obtenir un produit de plus grande qualité et de valeur élevée? Comment pouvons‑nous promouvoir la filière soja et la rendre compétitive? Comment fournir des informations à la filière togolaise, et même à l'ensemble de la région subsaharienne?", s'est interrogé M. Eboe.
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